Marie-Ange Guilleminot est artiste. Et sans doute un peu aussi une prestidigitatrice. Rien dans son travail n’est ce qu’il paraît. Un chapeau se transforme en maison, un coquillage en refuge, un livre en paravent. Ou l’inverse. En détournant des objets symboliques, Guilleminot brouille les repères les plus élémentaires de notre quotidien. L’art épouse le design, la mode, l’architecture ou l’artisanat dans une dynamique décloisonnée aux emprunts culturels libérés des frontières temporelles et géographiques. Les pionniers européens du Nouveau Continent côtoient l’art japonais et le design moderne italien ; David-Neel est évoquée à travers un livre qui reprend la structure d’une œuvre commencée en 1997 lors d’une Biennale à Venise ; son prototype textile d’Oursin-tente s’inscrit autant dans une histoire géologique des paysages bas-alpins. Si les artistes auxquels elle se réfère volontiers : Lygia Clark, Gio Ponti ou Constantin Brancusi… et les Shakers ne se révèlent à Digne qu’en pensée, l’artiste est prête à dialoguer avec les paysages de l’âme de ses prédécesseurs qui se sont ici illustrés : herman de vries, Andy Goldsworthy ou Richard Nonas. Ne nous méprenons pas. S’il nous touche, le travail de Guilleminot est fait pour être touché. La question de l’usage est indissociable de celle du rituel ; la question de la valeur que nous portons aux choses, indissociable de la valeur que nous portons à nos vies. Comme une invitation de l’artiste, ses oeuvres interpellent ou proposent. Libre aux visiteurs d’être acteurs d’une vie simple sur mesure hors norme. Elles suggèrent de façon la plus concrète qui soit que l’art et les artistes peuvent opérer pour le meilleur et jusqu’au plus près de nous.
Ilana Halperin, née à New-York City en 1973, est une artiste vivant et travaillant entre Glasgow et l’Île de Bute, en Écosse. Son œuvre singulière, inspirée par la géologie, motive le Cairn à lui proposer une résidence à Digne-les-bains, afin d’étudier au plus près l’histoire géologique exceptionnelle du Géoparc de Haute Provence.
Pour son exposition, l’artiste introduit la figure des Pénitents des Mées, traçant un parallèle entre ces géants de poudingue, roche agglomérant des galets d’origines variées, et sa manière d’associer récits géologiques et intimes. Combinant différentes techniques - tissages, aquarelles, installations, archives, textes et ready-made -, Halperin crée une œuvre conçue en réponse à son temps de recherche pass au sein du Géoparc. Ainsi, plusieurs échelles géologiques du Temps se frôlent subtilement. L’animal, le végétal, le minéral forment une continuité. Tel un album de famille, Ilana Halperin, par une savante mise en scène, révèle notre étonnante parenté à notre environnement, dont la géologie est le fondement.
Projection et présentation de l'oeuvre de Laura Pugno
En présence de l'artiste et de la commissaire Francesca Comisso (a.titolo)
Création sonore : Magda Dozd
Photographie : Daniele Alef Grillo
Over Time est le titre d'une oeuvre de l'artiste Laura Pugno, produite par a.titolo et curatée par Andrea Lerda. Présentée dans plusieurs lieux d'art en France et en Italie avec la perspective d'échanges avec les publics, cette installation vidéo à trois canaux interroge la relation entre les humains et leur environnement naturel. Laura Pugno, qui a toujours placé ce thème au centre de ses recherches, a été récompensée à la 9e édition de l'Italian Council (2020) avec le soutien du Ministère italien de la Culture et de la Direction Générale de la Créativité Contemporaine. L’artiste nous offre un regard sur la neige, matériau à la fois puissant et vulnérable, qui conditionne les climats, les systèmes de vie et les économies.
Situé près de la haute montagne, le Cairn , avec son histoire d'art expérimental dans la Nature, accueille le duo d'artiste et de commissaire d'exposition pour la présentation de ce projet.
Entrée libre - pass sanitaire non-exigé