Marie-Ange Guilleminot est artiste. Et sans doute un peu aussi une prestidigitatrice. Rien dans son travail n’est ce qu’il paraît. Un chapeau se transforme en maison, un coquillage en refuge, un livre en paravent. Ou l’inverse. En détournant des objets symboliques, Guilleminot brouille les repères les plus élémentaires de notre quotidien. L’art épouse le design, la mode, l’architecture ou l’artisanat dans une dynamique décloisonnée aux emprunts culturels libérés des frontières temporelles et géographiques. Les pionniers européens du Nouveau Continent côtoient l’art japonais et le design moderne italien ; David-Neel est évoquée à travers un livre qui reprend la structure d’une œuvre commencée en 1997 lors d’une Biennale à Venise ; son prototype textile d’Oursin-tente s’inscrit autant dans une histoire géologique des paysages bas-alpins. Si les artistes auxquels elle se réfère volontiers : Lygia Clark, Gio Ponti ou Constantin Brancusi… et les Shakers ne se révèlent à Digne qu’en pensée, l’artiste est prête à dialoguer avec les paysages de l’âme de ses prédécesseurs qui se sont ici illustrés : herman de vries, Andy Goldsworthy ou Richard Nonas. Ne nous méprenons pas. S’il nous touche, le travail de Guilleminot est fait pour être touché. La question de l’usage est indissociable de celle du rituel ; la question de la valeur que nous portons aux choses, indissociable de la valeur que nous portons à nos vies. Comme une invitation de l’artiste, ses oeuvres interpellent ou proposent. Libre aux visiteurs d’être acteurs d’une vie simple sur mesure hors norme. Elles suggèrent de façon la plus concrète qui soit que l’art et les artistes peuvent opérer pour le meilleur et jusqu’au plus près de nous.