gethan&myles, exposition de restitution du projet CONSERVATION

gethan&myles

Conservation 

17 septembre – 5 novembre 2017

 

Exposition de restitution du projet participatif au Musée Gassendi

« Conservation: de la nature, du patrimoine, d’une identité… L’homme – le grand destructeur – a, paradoxalement, longtemps cherché à protéger et à préserver. Status quo! Solidité des choses! Cette volonté de maintenir les éléments dans un état constant nous fascine. Peur? Hubris? Bonté? Certes il est important de sauvegarder, mais comment résister au mouvement, à la mutabilité des choses? Le fleuve coule. Le temps passe. Naissance, trépas. Naissance, trépas… And so on. Et pourtant l’homme s’obstine devant l’énormité du temps: c’est bête, fou, et beau ».

gethan&myles

 

Conservation, ©gethan&myles, 2017.

 

Le Musée Gassendi accueillera la restitution du projet participatif Conservation, menée par les artistes gethan&myles à Digne depuis l’automne 2016, sous l’invitation du CAIRN centre d’art, en partenariat avec l’association A fleur de Pierre et le Musée Promenade.

L’exposition se présente comme une constellation d’éléments déclencheurs d’histoires et des mémoires, le résultat de la rencontre avec les lieux, avec les gens et leur vécu.Par le processus d’impression ancien des cyanotypes, utilisé par les botanistes du 19ème siècle, des tirages en bleue ont été créés grâce au soleil et fixés par l’eau. Ils portent les souvenirs des lieux explorés et des moments partagés entre les artistes et plus d’une centaine d’habitants de la ville de Digne. Ces cyanotypes nous renvoient à l’univers de la mémoire, à l’effort d’arrêter et conserver l’image d’un lieu et d’un temps précis.

Pour gethan&myles, le processus de création et le vécu des participants sont part intégrante de l’œuvre.
Alchemies / Jam Tomorrow sont en effets des transformations réalisées en collectif à partir des fruits sauvages, récoltés pendant plusieurs balades-cueillettes dans des vergers abandonnés. Quintessence de soleil, du vent, de l’eau, de l’énergie vitale qui amène les graines jusqu’aux fruits, elles évoquent le passé récent de ces lieux où l’homme a dû se battre pour survivre à une nature à la fois généreuse et sans pitié, qui a repris le dessus là où l’homme a déraciné sa présence.

 

Conservation, ©gethan&myles, 2017.

 

Cette approche participative dans le travail de gethan&myles prend forme dans les deux installations qui mettent en connexion la salle d’exposition et le parc du Musée Promenade. La première, Anthologie, est un cyanotype qui recueille des anecdotes et des souvenirs concernant les plantes – fruits, fleurs, arbres, épices – qui ont laissé leur trace dans l’esprit de chaque participant. La deuxième, Florilège, est une sculpture d’acrylique coloré suspendue dans une cascade du Musée Promenade. Faisant échos aux inventaires botaniques anciens, il porte les noms de toutes ces plantes évoquées, gravées à la main sur la face submergée. Ses mots qui apparaissent et disparaissent avec le mouvement de l’eau et du soleil, composent une poésie de la terre et des hommes. Avec le passage du temps et de l’eau pétrifiante, cette oeuvre ‘manmade’ deviendra pierre, elle sera engloutie par la nature. Il suffit d’attendre, de laisser agir l’eau et le calcaire : l’ephémérité de l’humain sur une échelle géologique.

 

Florilège, ©gethan&myles, 2017.

 

Pendant les Journées du patrimoine 2017, l’oeuvre éphémère, « Cnut’s Causeway. Famine wall #5 », a été réalisée de façon collective par gethan&myles et les participants.

Il s’agit d’un alignement de pierre sur le lit de la rivière, en bas du centre d’art. Métaphoriquement, cette construction fait référence aux barrages qui « domptent » les eaux et aux murs qui sont encore aujourd’hui employés pour marquer des frontières, pour essayer d’arrêter les mouvements des populations.

Le titre fait référence aux famines walls, construits dans les campagnes d’Irlande pendant la Grande Famine par le peuple irlandais au 19ème siècle. Ce sont des murs en pierre sèche qui n’avaient pas d’usage spécifique. Il semblerait que leur construction ait été, pour quelques colonialistes britanniques, un prétexte pour donner un peu de pain à des gens qui mourraient de faim, en échange de leur travail de construction avec les pierres. Un objet qui n’a pas de fonction en soi, mais qui sert à nourrir les gens, et c’est pour gethan&myles une interprétation intéressante de l’oeuvre d’art.

Cette intervention éphémère, « Cnut’s Causeway. Famine wall #5 », construite pendant une journée, va d’une rive à l’autre de la rivière en direction est-ouest. Visible pendant quelques semaines (avant que la nature et le temps l’effacent), elle marque une connexion entre les deux côtés de la rivière, celui de la ville et celui de la montagne. 

Finalement, la création de cet alignement a été l’occasion de réunir tous les participants du projet Conservation, de les remercier, et de vivre un exploit avec eux.

 

Cnut’s Causeway/Famine wall #5, ©gethan&myles, 2017.

Pour lire les textes et visiter l’archive du projet : www.conservation-cairn.blogspot.fr

Vidéo sur le projet, réalisée par Agathe Vilotitch: https://www.youtube.com/watch?v=cf1Z9jsUlTY&feature=youtu.be